
L’efficacité de l’art-thérapie
Je discutais ce matin avec une cliente qui déplorait le fait que ce serait sa dernière séance pour un bon bout de temps (jusqu’en juin pour être précise), les assurances de son mari couvrant un nombre de rencontres extrêmement limité en Naturopathie. « Emmanuelle, je ne te mens pas, j’ai l’impression d’avancer quatre fois plus vite qu’en psychothérapie. Je suis tellement déçue que mes assurances ne remboursent pas ton service… ».
Il y a, dans cette conversation qui peut sembler anodine, tellement de constats importants à faire, en commençant par celui de la méconnaissance totale du grand public (ainsi que des compagnies d’assurances!) au plan de la puissance que peut recéler une approche pareille. Car ce commentaire, je l’ai entendu sous toutes sortes de formes dans mes récentes années de pratique. « C’est fou l’art-thérapie, c’est de la magie… » ou bien « My god… Je ne m’attendais tellement pas à ça ! » ou encore « Je ne peux pas croire… J’ai compris plus de choses en 5 rencontres qu’en 5 ans à aller chez la psy une fois par semaine! », pour ne nommer que celles-là…
Malgré ça, malgré cette appréciation non équivoque des principaux intéressés pour une approche absolument merveilleuse, que je reçois chaque fois comme un cadeau mais sans jamais sentir que le mérite me revient, les art-thérapeutes doivent se démener depuis des années avec un important manque de reconnaissance dans la sphère professionnelle de l’intervention thérapeutique et j’ajouterais, une certaine condescendance de la part de l’Ordre des psychologues du Québec, qui refuse de leur octroyer le permis de psychothérapeutes. Peu importe que les études nécessaires à sa pratique soient de deuxième cycle universitaire, peu importe qu’elles incluent 300 heures de stage ainsi que le même nombre d’heures de supervision et d’activités complémentaires. Peu importe la rigueur des programmes de l’UQAT et de Concordia, qui offrent un solide curriculum, permettant de développer non seulement d’exceptionnelles qualités de thérapeutes et d’intervenants, mais aussi, une connaissance approfondie des médias plastiques, de leurs impacts et potentiel thérapeutiques, de la psyché humaine et des moyens de dénouer des enjeux émotionnels de tout acabit et chez à peu près tous les types de clientèles. Non, nous dit-on, ce que vous faites, le bien que vos clients en retire ne sera pas reconnu en tant que démarche valide et légitime vers le mieux-être psychologique.
Pour la petite histoire, il faut savoir qu’avant 2012, n’importe qui, de n’importe quelle approche thérapeutique, pouvait, et ce sans restriction, s’afficher en tant que psychothérapeute. Ça a donné lieu à toutes sortes d’abus de pouvoir et de confiance dont les victimes étaient le plus souvent en situation de vulnérabilité et souffrance psychologique. Cette réalité mise en lumière, le gouvernement a donné à l’OPQ la responsabilité de circonscrire, dans le cadre d’une loi, ce qui doit être considéré comme de la psychothérapie ainsi que les professionnels qui sont autorisés à en pratiquer, à la condition de recevoir un permis, délivré par ce même OPQ.
Malheureusement, c’est à ce moment de l’histoire que les art-thérapeutes ont mordu la poussière. Et c’est ce qui fait que depuis 10 ans, ils se débattent pour faire reconnaître la validité et la crédibilité d’une approche qui ne reçoit que des éloges et des exclamations ravies de la part de ses bénéficiaires, qui fait ses preuves depuis des décennies et est tributaire d’une bien meilleure reconnaissance en Europe et aux États-Unis notamment.
À travers mes mots, mon élan du cœur aujourd’hui va vers mes collègues et est destiné à tous les clients que j’accompagne avec passion sur le chemin de la guérison intérieure, de la paix et de la joie. J’attends le moment où, plutôt que chercher à faire comprendre que l’art-thérapie, non seulement ça marche, mais ça marche mieux et plus vite que beaucoup d’autres approches d’intervention considérées comme de la psychothérapie, on va nous-mêmes relever un brin le menton et être capables de déclarer haut et fort que c’est même mieux et plus complet que ça…
Les gens qui savent savent. Personnellement, je ne suis plus intéressée à justifier que je fais beaucoup plus que du bricolage avec les gens. Je ne suis pas intéressée à recevoir la reconnaissance de l’OPQ. Je ne suis pas particulièrement intéressée à entrer dans un ordre professionnel. Par contre, mon espoir repose dans la potentielle ouverture des compagnies d’assurances, qui pourraient facilement officialiser le remboursement des séances d’art-thérapie. Peut-être qu’à force de recevoir la demande, de plusieurs fronts à la fois et avec la compréhension de ce qui en retourne, les forfaits d’assurances pourraient inclure l’art-thérapie. Aucun.e de nous ne rougis de gêne en pensant à la qualité de notre formation et à la rigueur de notre professionnalisme. Je lance ça dans l’univers pour un futur rapproché, en attendant, je vais continuer de faire mon travail avec la plus profonde des gratitudes et le plus grand des respects pour la puissance du processus créatif.
Douceur, créativité, paix et amour
🤍🌈✨🙏🏻
Emmanuelle